jeudi 15 janvier 2009

I hear dead people…


Dans le rock, c’est comme dans la vie : il y a des morts qu’on regrette plus que d’autres. Non pas qu’il y ait des morts dont on se réjouisse (sauf cas extrêmes qui ne rentrent pas dans le sujet de ce billet), mais bon, certains morts ne récoltent qu’un « ah bon ? » vaporeux et indifférent, et d’autres nous hantent longtemps, de manière épisodique, mais régulière…

Ce matin j’errais sur mes vieilleries, reclus dans mon monde musical passé. Ca fait du bien de se réfugier dans les années 90 parfois. D’Alice in Chains à Nirvana en passant par Jeff Buckley, Joy Division et Led Zeppelin, je réécoutais la voix de Layne Staley, celle de Kurt Cobain, de Jeff Buckley, de Ian Curtis, d’Elliott Smith. Et les fûts frappés de John Bonham, le batteur-monstre le plus fin de tous les temps…

Là, un terrifiant dénominateur commun vint rompre mon écoute… Je n’écoutais que des morts. Des stars du rock mortes prématurément. Tous avant 35 ans. Le gamin dans le film de Shyamalan voyait les morts. Moi je les écoutais. Rien de tel pour se mettre en branle et passer une bonne journée.

Il y a des morts qu’on regrette plus que d’autres. Ces six là, je les regrettais tous. Sur ces six génies, on compte deux vrais suicides. A vrai dire, on pourrait en compter six, mais il y en a trois qui ne sont pas assez francs pour être comptabilisés dans les suicides.

Jeff Buckley, mort à 30 ans, responsable d’un des plus beaux albums des années 90 (Grace). Cause de la mort : noyade. Noyade d’un type qui sait très bien nager, dans les eaux calmes du Mississippi. Beaucoup de ses amis ont nié la thèse de l’accident… Suicide ?

Kurt Cobain, mort à 27 ans. L’homme qui a osé dire aux années 80 d’aller se faire foutre. L’homme grâce à qui la deuxième plus belle vague rock a pu avoir lieu, durant les six ou sept années qui ont suivi son avènement. Là pour le coup, la thèse du suicide est (presque) avérée. Retrouvé troué d’une balle qu’il s’est apparemment lui-même tiré. (Allez Courtney, confirme s’il te plait…). Le doute n’a cependant jamais cessé de planer… Suicide ?

Ian Curtis, mort à 23 ans. Chanteur, pantin fragile et épileptique de Joy Division, le groupe le moins joyeux de la fin des années 70. Bien avant qu’il n'ait pu comprendre qu'il allait devenir une référence pour la moitié des groupes de la fin du siècle, il s’est pendu dans une cuisine. Certains diront que c’est la peur de sa maladie (qu’il aurait juste fallu lui expliquer un peu mieux, mais les médecins de province anglaise sous Thatcher avaient un sens de la psychologie proche du degré zéro), l’effroi que lui procurait sa maladie qui l’a tué. « Suicide »…


Layne Staley, mort à 35 ans. Seattle, début des années 90. Ce qu’on appelle à tort ou à raison le grunge est à son apogée. Et c’est en partie grâce à cet homme, le chanteur d’Alice in Chains. Le tendre Layne Staley. Grand enfant de 35 ans. Incompris, trop fragile, dépressif, exubérant, bipolaire, drogué. Catalogué comme génie de la musique (il apprenait à jouer d'un instrument de manière très honorable en quelques heures ou quelques jours). Retrouvé mort sur son canapé à Seattle. Overdose de cocaïne et d’héroïne… Cela faisait plusieurs jours qu’il n’ouvrait plus sa porte à ses amis venus vérifier que tout n’allait pas si mal. Layne Staley, avait décidé de mourir seul chez lui. Selon les légistes, la dose de drogue administrée, surtout pour un « spécialiste » de la dope comme Staley, prouvait qu’il avait pour but d’en finir… Mais aucun mot. Aucune lettre sur la table. Suicide ?


John Bonham, mort à 32 ans. Ce type est le meilleur batteur de rock de tous les temps. Si Led Zeppelin a décollé, ce n’est pas uniquement grâce à la voix du Diable qu’avait Robert Plant, ni aux riffs de Jimmy Page. C’est aussi grâce à l’inventivité de John Bonham, sa puissance phénoménale, sa finesse inespérée. Un soir où l’appel de l’alcool fut plus puissant encore que les autres jours, il finit par s’étouffer Et son cœur céda. Suicide ?


Elliott Smith, mort à 34 ans. L’un des « folkeux » les plus prometteurs de sa génération. Sa mort brutale et suspecte a presque été passée sous silence par les médias qui l’encensaient quelques mois plus tôt… Elliott Smith a été retrouvé mort chez lui, sans cause apparente. Il n’avait aucun problème de santé mais ses proches le trouvaient « miné » depuis quelques temps, alors que la gloire lui tendait les bras. Suicide ?

Parmi les 323 morts prématurés -plus ou moins connus- que le rock a connu depuis les années 50, on compte 36 « vrais suicidés », 40 overdoses de drogues, 9 overdoses d’alcool, 5 noyades de types qui savaient nager, 67 accidents de la route (dont 39 qui n’impliquaient pas d’autres véhicules que le leur) et 21 causes non élucidées...

L’âge moyen de la mort chez ces 323 rock stars est de 36,9 ans.

R.I.P