lundi 8 décembre 2008

Facebook, un profil, un statut...

Ils sont très forts.
Pas seulement grâce à leur outil d'horodatage dont Olivier M. vantait à juste titre les mérites l'autre jour ("il y a quelques instants"... "il y a quelques secondes"... "il y a quelques minutes..."). C'est bien plus profond que ça... Ils sont forts car ils arrivent à nous faire céder, alors qu'on méprisait ça il y a encore quelques temps.
C'est comme la pub pour la voiture que personne (oui j'exagère) ne peut s'acheter... "Souvenez-vous quand vous ne vouliez pas de téléphone portable ?". Etc…
Un peu, qu'on s'en souvient, de cette arrogance, de cette prétention coupable que finit par ressentir le type qui ne voulait pas de portable en 2001, et qui n'a pas de profil Facebook en 2008...
Le saligaud. Il "se la pète". Il "fait genre il a une vie et n'aime pas Facebook". Ce type là, que je ne suis pas (malheureusement ? oui un peu... mais bon) est-il un animal blessé errant sur les chemins douteux du non ralliement à la masse ? Ou est-il simplement un homme libre, qui n'a pas envie, pas besoin*, ou pas le temps de traîner sur un site de réseau social, sans pour autant s'en vanter ? Comme dirait le postier à son copain l'autre jour, devant mon immeuble, "Bah euh non quoi ! Il dit pas que c'est pas bien, juste il a pas très envie quoi, tu vois ?"

Ah... mais voilà. Sur cet homme, ou cette femme, on en sait rien. On ne peut rien savoir sur le type qui ne veut pas de profil Facebook, puisqu'il n'a pas de profil Facebook.
Ca se corse, notre affaire...

Je devrais haïr Facebook.

Non pas par principe ou par snobisme, quoique…

Mais parce qu’il correspond à tout ce que je suis censé détester : la constitution d’un réseau totalement « autogène ». Par « autogène » j'entends qui n’a d’autre raison d’exister que… d’exister seulement. Pour être plus clair, ce réseau d’amis n’a –la plupart du temps- aucune utilité. Et qu’on ne me dise pas le contraire… je crois savoir – d’après une étude il est vrai assez peu poussée mais bon, faut pas me la faire- que chacun d’entre nous « communique » régulièrement avec maximum 15% de son réseau. Les 85% restant étant essentiellement constitué d’amis d’amis, de famille plus ou moins éloignée, ou de connaissances personnelles et/ou professionnelles à faible taux d’ « amitabilité ».

Pour cette arnaque que l’on se fait à soi-même surtout, je devrais haïr Facebook.

Sans compter les « statuts ». Le Masque est allé faire pipi à 14h23... Le Masque va mettre une branlée à Matthieu au tennis… Le Masque se demande si Ségolène Royal est vraiment un être humain ou juste un hologramme mal détouré… Bref, vous voyez de quoi je parle. Ce statut qui vous permet de dire à tout votre fameux réseau d’amis que ce que vous êtes en train de faire, ce que vous avez fait, ce que vous allez faire, et plus rarement, ce que vous pensez, est forcément génial, en tous cas suffisamment important pour être signalé. Étrange, quand même…

Du coup, les gens que l’on voit peu se mettent à exister pour de vrai à nos yeux. Ils font des choses. Dingue.


Pour ça aussi je devrais haïr Facebook. Pour cette impudeur permanente, cette mise en avant de soi pour de mauvaises raisons. Un peu comme quand on décide de (re)lancer un blog peut-être ?

Je n'espère pas.

Welcome.


* : j'aimerais développer ce point, sur le besoin et l'envie, ou le besoin d'avoir envie, ou l'envie d'avoir besoin d'envie... mais euh... ça m'a l'air bien complexe, quand même...